La fabrication d’une planche de surf : artisanat et innovation
Tu surfes et tu souhaites comprendre comment se fabrique une planche ? Alors, tu es au bon endroit. Nous allons explorer ensemble le processus de fabrication d’une planche de surf, des plus traditionnelles aux plus écoresponsables. N’attendons pas plus et commençons.
Avant de se lancer dans la fabrication, il est nécessaire de savoir où on va. C’est pourquoi les shapers, les artisans qui conçoivent les planches de surf de A à Z, commencent par imaginer le modèle qu’ils vont concevoir : dimensions, forme de la planche… Le tout en réfléchissant aux performances une fois sur l’eau. Pour ce faire, nos héros de la conception peuvent s’aider de logiciels de design assisté par ordinateur pour imaginer des modèles précis et adaptés aux besoins de leurs clients surfeurs.
Ne t’en fais pas, nous n’allons pas te donner un cours sur le façonnage de la pâte à pain. Pour créer une planche de surf, on utilise généralement ce qu’on appelle un pain de mousse. C’est un peu le cœur, le noyau de la planche. Traditionnellement, les matériaux utilisés sont de la mousse de polyuréthane ou de la mousse de polystyrène expansé. Une fois le pain de mousse sélectionné, il est découpé selon les dimensions définies durant la conception. Pour cela, l’artisan va utiliser un gabarit pour former le rocker et découper les contours ou outlines à l’aide d’une scie ou d’un fil chaud.
Le shape, le shaper ? Tu suis ? En fait, il s’agit du moment où le pain de mousse de l’étape précédente commence à prendre la forme d’une planche de surf. L’artisan va utiliser râpes, rabots et ponceuses pour se transformer en sculpteur et donner à la planche la forme recherchée. Il va donc poncer afin d’affiner carène, pont et rails. C’est un travail de précision qui va permettre d’obtenir tout ce qu’on attend d’une planche de surf : une bonne flottabilité, maniabilité et de la perf.
Mais quel ce terme encore ? Cela consiste à appliquer de la fibre de verre et de la résine (polyester ou époxy en fonction du pain choisi) sur la planche pour venir la solidifier. C’est une étape nécessaire pour la durabilité et la performance de la planche de surf. La fibre de verre se présente sous forme de tissu qui est posé sur la carène et le pont, puis enduite de résine pour créer une couche protectrice et robuste.
Ici, le shaper va venir dessiner puis percer la planche pour l’ajout des boîtes d’ailerons et du plug pour la leash. Pour ce faire, il utilise une défonceuse et vient utiliser de la résine pour maintenir boîtiers et plug en place.
Nous voilà à la dernière étape de la réalisation d’une planche. Est appliquée une dernière couche de résine qu’on appelle aussi « hotcoat ». Et vint finalement le ponçage pour lisser la surface de la planche et permettre de préparer l’ajout des ailerons et des accessoires. Une finition soignée garantit une meilleure performance sur l’eau en plus d’une esthétique agréable à regarder bien sûr.
Tu le sais sans doute déjà, le surf, malgré son image de proximité avec l’océan et la nature, n’est pas un sport des plus écologiques. Notamment à cause des matériaux utilisés pour la fabrication de certains équipements tels que les planches.
La mousse de polyuréthane et la fibre de verre, par exemple, ont longtemps été les matériaux de choix pour la fabrication des planches de surf. La première est appréciée pour sa légèreté et sa flexibilité, tandis que la seconde offre robustesse et performance élevées. Mais, parce qu’il y a forcément un « mais », ces matériaux présentent des inconvénients plutôt significatifs au niveau environnemental.
La production de mousse PU est particulièrement énergivore et polluante. D’une part parce qu’elle est généralement fabriquée à des kilomètres (Asie, Australie…) ce qui induit des émissions de CO2 colossales rien que pour le transport. D’autre part, la mousse de polyuréthane produit des déchets toxiques non recyclables, contribuant à la pollution des sols et des eaux. Malheureusement, ce n’est pas tout. Si cette mousse entraine des déchets toxiques, tu te doutes sans doute qu’à la découpe et au ponçage, il risque d’y avoir des conséquences pour le shaper. C’est pourquoi il est nécessaire de bien se protéger afin de ne pas respirer des émanations toxiques.
Quant à la fibre de verre et la résine de polyester, ces matériaux libèrent des COV. Ce sont des substances chimiques volatiles qui peuvent provoquer des maladies respiratoires et contribuer à la pollution atmosphérique. De plus, ils ne sont pas biodégradables, ce qui signifie qu’une planche de surf jetée mettra des centaines d’années à se décomposer.
Bien entendu, l’ensemble de ces trois matériaux sont issus de la pétrochimie et du plastique, donc du pétrole.
Les prises de conscience ont permis de voir naître de nombreuses innovations pour la conception des planches de surf. Notamment dans le choix des matériaux et l’utilisation d’éléments durables et respectueux de l’environnement. Le but étant de réduire au mieux l’impact écologique de la conception à la fin de vie de la planche.
La marque Nomads Surfing, par exemple, met l’accent sur la fabrication de planches écoresponsables. Ils utilisent des pains de mousse EPS 100 % recyclables et de la résine biosourcée, comme pour le modèle Mini-Malibu Cherating ou encore de la fibre de lin comme sur la shortboard EVO LIN.
Squid Surfboards adopte une approche similaire, en utilisant des matériaux biosourcés ou recyclés et issus de la bio masse pour la réalisation de leurs planches. On peut citer le modèle SURF FISH RASTA pour lequel est utilisée de la résine époxy biosourcée. De plus, il s’agit d’une marque française ! Les planches sont donc conçues à Brétignolles-sur-Mer pour diminuer l’empreinte carbone de la fabrication et commercialisation de leurs planches !
Wyve Surf est une marque également soucieuse de l’impact environnemental du surf. Basés à Biarritz, ils fabriquent des planches de surf performantes tout en minimisant l'empreinte carbone (bois, bio-résine). Ils conçoivent aussi des modèles imprimés en 3D ! Le modèle Twin Pin illustre cette innovation, offrant légèreté et résistance.
Et pour terminer en beauté, il y a la marque Zeus Surfboard qui propose des planches fabriquées à l’aide de liège, de bambou ou encore de lin.
Ces marques démontrent que performance et durabilité peuvent aller de pair, transformant la manière dont les planches de surf sont fabriquées et utilisées.
Tu connais maintenant tous les secrets de la fabrication d’une planche de surf et les possibilités en termes de planches écoresponsables. Si tu souhaites aller plus loin, nous te recommandons de lire notre article « Devenir un éco-surfeur : est-ce possible ? ».
Et si tu souhaites une planche totalement personnalisée, sache que de nombreuses marques et établissements français peuvent te proposer cette possibilité. Tu peux également t’essayer au shaping par toi-même grâce à des kits et outils. Il existe même des formations comme à la Shaper House située à Biarritz.
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